Tonton Dumoco
Les Mémoires d’un Vonvon

Je suis né – je ne sais trop comment, sur les bords de la ravine Cayali, au fond du Bécouya et dans le trou pourri d’un palmiste qu’un naturel de la localité avait abattu pour en extraire le chou qui est un fort bon régal. Mon père – le hasard sans doute – n’a jamais rien fait pour moi, tandis que ma mère, Dame Nature, m’a donné des ailes pour voler et un aiguillon pour me défendre. Dans le principe, je ne cessais de la maudire ; il est vrai qu’elle a tant à faire que je comprends maintenant qu’elle n’ait pu penser beaucoup à moi, et j’ignorais alors le proverbe aussi connu chez les bêtes que chez les hommes, à savoir que tout vient à point pour qui sait attendre. J’attendais, tout en me disant qu’avec cet état civil dont je n’avais pas lieu d’être fier, je devais – n’ayant ni tenants ni aboutissants – faire difficilement ma trouée dans la bataille de la vie.

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